Un jour, à court d’argument, j’ai suggéré que si le maître n’avait pas LA réponse, certains "grands maîtres" pouvaient nous aider à en trouver une. Ainsi, les élèves ont rédigé des lettres, comme celle-ci, adressée à Hubert Reeves :
« À l’école, nous étudions beaucoup de choses, notamment sur l’histoire des hommes et de leur planète, la Terre.
Nous sommes optimistes mais nous sommes aussi inquiets, car beaucoup de choses ne vont pas bien, des hommes ont faim et la planète est polluée. Nous cherchons des idées et aussi des raisons de rester optimistes. Nous voudrions vous poser deux questions :
Que pouvons-nous faire, nous, les enfants, pour que les choses s’améliorent ?
Pouvez-vous nous donner une raison de rester optimistes malgré toutes les mauvaises nouvelles que nous entendons ? »

L’extrait suivant relate l’arrivée de la réponse d’Hubert Reeves :

Événement considérable
Hubert Reeves nous a répondu.
« Je vais vous raconter une histoire.
Un incendie s’est déclaré et une forêt est en feu. Alors, tous les véhicules de pompiers entrent en action. Les Canadair sont appelés en renfort. Un colibri fait des allers-retours entre un étang et la lisière du feu. À chaque fois, il largue de son bec quelques gouttes d’eau. Alors tout le monde s’étonne et se moque… Et le colibri répond : je fais ma part.
Chers amis, ce colibri aime les arbres et les fleurs, et donc il veut participer à les sauver. Comme lui, chacun peut faire quelque chose. La solidarité, c’est important.
Alors, chaque geste compte. Et vous pouvez jouer le colibri.
Pour quelle raison rester optimiste ? Pour être content de soi, capable d’entraîner les autres à faire de même, et, si tout le monde s’y met, le monde va s’améliorer. »
Puis Reeves propose. Embellir l’école, fleurir la cour, économiser l’eau, le papier, recycler les cahiers…
Poésie de la connaissance, joie de vivre et idées concrètes, les enfants sont ravis. Ils ont le sentiment d’avoir été entendus.
Ce soir, les élèves auront des choses à raconter à la maison.

(Extrait de Dans la Classe )

C’est ainsi que mes élèves sont devenus des colibris, ont créé un jardin éphémère et, plus tard, visité le beau jardin d’Alain Passard ….